Mali: le vent est-il en train de tourner à Bamako?

Un début de changement au Mali est peut-être en train de se produire. C’est ce que laisse entrevoir l’annonce de concertations imminentes à Bamako pour la formation d’un gouvernement d’union nationale, et l’abandon par les rebelles Touaregs du MNLA de leur projet sécessionniste.
A la surprise générale, les rebelles Touaregs du Mouvement National de Libération de l’Azawad, ont annoncé l’abandon de leur projet d’instaurer un Etat indépendant dans le Nord Mali. Ils déclarent aspirer à une autonomie culturelle, politique et économique, sans pour autant prétendre à la sécession. Hama Ag Mahmoud, l’un des dirigeants du MNLA explique cette décision par une prise en compte des positions hostiles de la communauté internationale. La décision des rebelles touaregs peut également être interprétée comme un aveu de faiblesse du MNLA. Le mouvement touareg a récemment vu sa marge de manœuvre se réduire sensiblement. Ses anciens « alliés » islamistes se sont retournés contre lui en l’évinçant des principales villes du Nord Mali. Mais alors que les islamistes armés s’attirent les foudres de la communauté internationale, notamment pour avoir détruit une partie du patrimoine culturel de Tombouctou, les Touaregs se montrent plus conciliants et se posent en interlocuteur tout désigné pour des pourparlers avec le gouvernement de Bamako. Mais le rapprochement annoncé par les Touaregs avec le gouvernement de Bamako se veut sans ambiguïté. Ils appellent même à une intervention militaire internationale plus rapide dans le Nord du Mali qu’ils se déclarent prêts à soutenir.
Le revirement du MNLA tombe à point nommé, le premier ministre malien Cheick Modibo Diarra ayant annoncé l’ouverture de concertations dans les prochains jours pour la formation d’un gouvernement d’union nationale. L’objectif est de se conformer aux exigences de la communauté internationale pour assainir la situation politique à Bamako avant une intervention militaire des pays de la CEDEAO dans le Nord Mali. La phrase lancée par le premier ministre malien : « le Mali se prépare à toutes les options », est à cet égard fort éloquente.